Artemisia annua, connue en Chine sous le nom de Qing Hao (青蒿), occupe une place centrale dans la médecine traditionnelle chinoise (MTC) depuis plus de deux millénaires. Son histoire, riche et documentée, témoigne d’un usage ancestral pour traiter divers troubles, principalement liés aux fièvres.
Origines et premières traces écrites
- La plus ancienne mention de l’utilisation médicinale de Qing Hao remonte à 168 avant J.-C., découverte sur un morceau de soie appelé « 52 ordonnances » (Wu Shi Er Bing Fang) trouvé dans les tombes de la dynastie Han à Mawangdui. Cette inscription recommandait déjà l’usage de la plante contre les hémorroïdes 3.
- Vers 200 après J.-C., le Shen Nong Ben Cao Jing, ouvrage fondateur de la phytothérapie chinoise, cite Qing Hao pour « soulager la chaleur logée dans les articulations », ce qui laisse penser à un emploi contre les maladies fébriles 3.
- Au IIIe siècle, le célèbre médecin Zhang Ji (150-219) recommande une décoction de Qing Hao pour traiter fièvres, sueurs et jaunisse dans son traité Shang Han Lun 3.
- En 340 après J.-C., Ge Hong (283-343) dans son Manuel des prescriptions pour les traitements d’urgence (Zhouhou Beiji Fang) décrit une méthode d’extraction à froid de Qing Hao pour soulager les fièvres, mode de préparation qui inspirera plus tard la recherche moderne sur l’artémisinine 3,5.
Évolution de l’usage dans la pharmacopée chinoise
- Sous les dynasties Song (960-1279), Yuan (1271-1368) et Ming (1368-1644), les textes médicaux mentionnent la plante sous forme de décoctions, pilules ou poudres, utilisée seule ou en association avec d’autres herbes pour traiter les fièvres et les accès palustres 3.
- En 1596, Li Shizhen, dans son Compendium Materia Medica (Ben Cao Gang Mu), décrit l’emploi de Qing Hao pour traiter la fièvre paroxystique du paludisme, confirmant ainsi la longue tradition d’usage contre les maladies fébriles et les fièvres intermittentes 3.
- Les feuilles et tiges étaient aussi brûlées comme insecticide naturel pour repousser les moustiques, vecteurs du paludisme 3.
Principaux usages traditionnels
- Traitement des fièvres (notamment les fièvres intermittentes, assimilées aujourd’hui au paludisme) 1,2,3,6.
- Soulagement de la chaleur interne, des inflammations et de la jaunisse 3.
- Utilisation comme tonique, antiparasitaire et pour renforcer le système immunitaire 6.
- Préparation en infusion, décoction à froid, pilules, poudres ou fumigations 3,2.
Redécouverte moderne et reconnaissance scientifique
- L’effet antifébrile de Qing Hao était déjà reconnu il y a 1 700 ans 5. C’est en s’inspirant des textes anciens, notamment de Ge Hong, que la chercheuse chinoise Youyou Tu découvre, dans les années 1970, la méthode d’extraction efficace de l’artémisinine, principe actif majeur de la plante, aujourd’hui utilisé mondialement contre le paludisme 5,7,8.
- Cette découverte a valu à Youyou Tu le prix Nobel de médecine en 2015, consacrant ainsi la valeur de l’héritage de la médecine traditionnelle chinoise dans la lutte contre les maladies infectieuses 8.
Conclusion
L’usage de l’Artemisia annua en médecine chinoise remonte à plus de 2 000 ans, principalement pour traiter les fièvres et les maladies liées à la chaleur interne. Sa redécouverte moderne, grâce à l’étude des textes anciens, a permis d’isoler l’artémisinine, révolutionnant le traitement du paludisme et confirmant la pertinence des savoirs traditionnels chinois 3,5,8.
Citations:
- https://presse.inserm.fr/canal-detox/lartemisia-plante-miracle-vraiment/
- https://fr.wikipedia.org/wiki/Armoise_annuelle
- https://maison-artemisia.org/usages-traditionnels/
- https://www.mediachimie.org/content/un-prix-nobel-de-m%C3%A9decine-tr%C3%A8s-chimique
- https://theconversation.com/le-nobel-de-youyou-tu-est-il-une-reconnaissance-de-la-medecine-traditionnelle-chinoise-48701
- https://artemisia-shop.de/fr/blogs/artemisia/einjaehriger-beifuss
- https://www.sciencesetavenir.fr/sante/question-de-la-semaine-qu-est-ce-que-l-artemisia-et-pourquoi-l-oms-l-interdit-elle_137411
- https://www.lequotidiendupharmacien.fr/exercice-pro/etudes-formation-continue/armoise-chinoise-nobel-et-paludisme