Usage et pratique médicale de l’Artemisia annua en Afrique subsaharienne

Juin 3, 2025

Utilisée en médecine traditionnelle, l'Artemesia afra pourra ...

Artemisia annua, aussi appelée armoise annuelle, occupe une place croissante dans la lutte contre le paludisme en Afrique subsaharienne. Si elle est utilisée depuis des siècles en médecine traditionnelle chinoise, son introduction et sa diffusion en Afrique répondent à des enjeux sanitaires majeurs, notamment l’accessibilité aux traitements antipaludiques et la résistance croissante aux médicaments classiques.


1. Introduction et diffusion en Afrique subsaharienne

  • L’Artemisia annua a été introduite en Afrique dans les années 1990 pour ses vertus antipaludiques, face à la pénurie mondiale d’artémisinine et à la nécessité de diversifier les sources de traitements 5,6.
  • Aujourd’hui, la plante est cultivée dans une vingtaine de pays africains, du Bénin au Kenya, en passant par Madagascar, le Burkina Faso, la RDC, le Cameroun, la Tanzanie ou encore le Sénégal 5,6.
  • Cette expansion s’appuie sur des réseaux de chercheurs, de médecins et d’associations (comme la Maison de l’Artemisia) qui promeuvent son usage localement sous forme de tisanes, de feuilles séchées ou de compléments alimentaires 1,6.

2. Pratiques médicales et modes d’utilisation

  • Infusions et décoctions : La forme la plus courante est l’infusion de feuilles séchées, utilisée en automédication ou dans le cadre de la médecine traditionnelle pour prévenir et traiter le paludisme, mais aussi d’autres fièvres et infections 1,4,6.
  • Phytothérapie communautaire : Dans de nombreux villages, des centres de santé communautaires ou des associations locales préparent et distribuent des tisanes d’Artemisia, souvent à faible coût, rendant le traitement accessible à des populations éloignées des circuits pharmaceutiques classiques 6.
  • Compléments alimentaires : L’Artemisia annua est aussi proposée sous forme de comprimés, de poudres ou de teintures, bien que la qualité et la concentration en principes actifs varient fortement selon les préparations artisanales ou industrielles 5.

3. Efficacité, recommandations et controverses

  • Traitement du paludisme : L’artémisinine extraite de l’Artemisia annua est le principe actif des ACT (Artemisinin-based Combination Therapies), recommandées par l’OMS pour le traitement du paludisme. Ces traitements combinent l’artémisinine à d’autres molécules pour prévenir la résistance du parasite 2,4,6.
  • Usage de la plante entière : L’utilisation de la plante sous forme de tisane ou de poudre reste controversée. Si des témoignages locaux font état d’une efficacité réelle, notamment en prévention ou en traitement de la malaria simple, la communauté scientifique souligne l’absence d’études cliniques robustes et la variabilité de la teneur en artémisinine selon les lots de plantes, les modes de préparation et les conditions de culture 2,5.
  • Risque de résistance : L’OMS déconseille l’utilisation de la plante seule en monothérapie, car une dose insuffisante ou irrégulière d’artémisinine favorise l’apparition de souches résistantes du parasite Plasmodium falciparum 2,5.

4. Autres usages médicaux et expérimentations récentes

  • Covid-19 et autres maladies : Durant la pandémie de Covid-19, certains pays africains (notamment Madagascar avec le « Covid-Organics ») ont promu des extraits d’Artemisia annua comme remède potentiel, sans preuve scientifique solide à ce jour 3,5.
  • Prévention et santé communautaire : L’Artemisia annua est parfois utilisée pour renforcer l’immunité, soulager la douleur ou traiter d’autres affections fébriles, mais ces usages restent secondaires par rapport à la lutte contre le paludisme 1,3.

5. Enjeux d’accessibilité et de sécurité

  • Accessibilité : L’Artemisia annua offre une solution locale, peu coûteuse et facilement cultivable, ce qui en fait une alternative précieuse dans les zones rurales ou reculées où l’accès aux médicaments conventionnels est limité 6.
  • Sécurité et encadrement : Les autorités sanitaires et l’OMS appellent à la prudence, en insistant sur la nécessité d’encadrer l’usage de la plante, de garantir la qualité des préparations et de poursuivre la recherche clinique pour valider son efficacité et sa sécurité à grande échelle 2,5.

Conclusion

L’usage de l’Artemisia annua en Afrique subsaharienne s’inscrit dans une dynamique de santé communautaire et de médecine intégrative, combinant traditions locales et enjeux de santé publique. Si la plante représente un espoir pour la lutte contre le paludisme et l’amélioration de l’accès aux soins, son usage médical doit être encadré pour éviter les risques de résistance et garantir l’efficacité des traitements. La recherche scientifique et l’éducation des populations restent des leviers essentiels pour intégrer l’Artemisia annua de façon sûre et durable dans les pratiques médicales africaines.

Citations:
  1. https://maison-artemisia.org
  2. https://presse.inserm.fr/canal-detox/lartemisia-plante-miracle-vraiment/
  3. https://www.bbc.com/afrique/monde-54086734
  4. https://www.lamaisondelafrique.com/artemisia
  5. https://fr.wikipedia.org/wiki/Armoise_annuelle
  6. https://www.afrique-agriculture.org/articles/reportage/lartemisia-contre-le-paludisme

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